GENERAL VAL​SERO

Les populations de Bépanda étaient très émues au soir du samedi le 27 juillet 2013 par la prestation scénique de l’artiste musicien camerounais.

C’est par groupes de vingt que les habitants de Bépanda aux environs du lieu dit Boulangerie de la paix sont sortis de leurs domiciles le 27 juillet 2013. Ils ont été attirés par des sons musicaux provenant des baffles placés en plein cœur de ce quartier. Séduits, ils l’ont été, à l’écoute de la voix du Général Valsero. Celui que la plupart présentent comme le porte-parole de la jeunesse africaine a adressé un message fort à la population en prélude aux prochaines législatives et municipales 2013.

Il laissait entendre la nécessité pour chaque citoyen de participer à la vie politique, en retirant sa carte d’électeur et en se présentant aux urnes le 30 septembre 2013. De la joie, de la gaieté, youyous et applaudissements étaient au rendez-vous samedi dernier. Signe sans doute que le message n’est pas tombé dans les oreilles des sourds. Tout cela n’aurait pas été possible si l’organisation non gouvernementale « Un Monde Avenir » n’avait pas été à l’origine.
 
C’est que les membres de l’association de Philippe Nanga, n’ont de cesse de booster le moral des Camerounais. De sorte à leur redonner goût à la chose politique. Car un citoyen est une personne qui appartient à une cité, c’est-à-dire à une communauté organisée par des règles. C’est celui qui participe à la vie de la cité (son quartier, sa ville ou son pays). Il partage avec ses concitoyens le pouvoir de faire la loi, le pouvoir d’élire et le cas échéant, d’être élu. C’est le message que s’évertue à communiquer la société civile à l’instar de l’Ong « Un Monde Avenir », dans la mise en œuvre du projet « Action citoyenne pour la transparence et l’équité électorale » (Actee).

La présence du Général Valsero, la voix des sans voix à la dernière campagne grand public, obéit au concept d’éducation à travers la musique de l’avis de la société civile. Il s’agit d’un grand rassemblement populaire sur un espace ouvert, de plus de 2000 personnes pendant 3 à 4heures. Les campagnes sont meublées entre autres de prestations scéniques d’artistes engagés dans la lutte pour l’accès aux droits du citoyen, des interventions de militants de la société civile, des leaders associatifs jeunes et des femmes dont le militantisme est de notoriété.
 
La finalité de ces campagnes d’animation grand public est d’aller au plus près des citoyens pour échanger et discuter avec eux sur les questions liées à la participation aux élections, la vie politique et à l’exercice de la citoyenneté au Cameroun. L’initiatrice de ces actions déclare qu’en tant que citoyens, tous les jeunes en âge de voter doivent exprimer leur existence en participant au processus électoral à travers : l’inscription sur les listes électorales, le retrait de la carte d’électeur, la consultation des noms sur les listes électorales affichées avant le scrutin, le cas échéant la formulation d’une requête si les informations sur l’identité d’un électeur sont erronées avant la publication des listes définitives.

La présence du citoyen dans la circonscription électorale (lieu d’inscription), l’identification de son bureau de vote avant le jour du scrutin, le vote ledit jour, l’observation citoyenne du scrutin et surtout du dépouillement après la fermeture du bureau de vote puis la dénonciation des irrégularités et les cas avéré de fraudes.

Le rappeur Valsero crie à la censure

Valsero, célèbre rappeur camerounais, ne pourra pas se produire à Yaoundé, le 19 mai prochain, veille de la fête nationale. Depuis plusieurs jours pourtant, des affiches annonçant le concert sont placardées sur les murs de la capitale et des spots passent dans les radios urbaines. Alors que le chanteur avait obtenu la location d’une salle dans un cabaret, le responsable des lieux fait savoir, le 10 mai dernier, que le spectacle n’aura pas lieu dans ses installations.

C’est que, explique Roger Bomba, même si la salle avait été effectivement louée pour la somme de 150 000 francs Cfa (228 euros) pour quatre heures de spectacle, Valsero ne s’est pas présenté à temps pour signer un contrat en bonne et due forme. C’est cet acte qui aurait légalement et formellement lié les deux parties, soutient le cabaret. « Général », comme l’appellent ses fans, ne s’est montré que plus tard alors que La Tanière, située à Bastos, le quartier chic de la capitale du Cameroun, avait déjà trouvé un meilleur client. Et lequel ? L’administration. Du 15 au 21 mai, la salle accueillira les déjeuners organisés à l’intention des invités de la fête nationale.

Les propriétaires de la salle arguent en effet de ce que leur espace est un lieu de commerce qu’ils offrent au plus offrant. Ce que Valsero rejette en bloc. Pour lui, ce nouveau désagrément est le fait des autorités qui, martèle-t-il, font tout pour l’empêcher de se produire. La manifestation annulée devait en effet servir au lancement d’un nouveau single « J’en veux », mais aussi à la présentation de « Liberté pour l’Afrique », un concept initié par Valsero pour poursuivre le travail d’éveil des consciences jeunes.

C’est bien de cette manière que « Val » a surgi sur la scène du hip hop camerounais en 2008. Dans la chanson « Lettre au président » qui l’a révélé au grand public, l’artiste s’adressait au président Paul Biya et attirait son attentions sur le désarroi de la jeunesse camerounaise. A l’époque, le tube, plutôt bon enfant, avait été bien accueilli par les mélomanes. Il traduisait un sentiment largement répandu au Cameroun selon lequel bien des jeunes Camerounais, entre chômage, corruption et paupérisation, perdent espoir dans leur pays.

Des textes musclés

Il n’en a pas fallu plus pour que Valsero, de son vrai nom Serval Gaston Abé, ne devienne le porte-voix d’une génération que l’on dit sacrifiée. Les textes qui suivront seront encore plus musclés et bientôt les shows de Valsero se transforment en exutoires où les fans ne se gênent plus pour critiquer le régime. On verra même, en 2010, des jeunes s’en prendre à des portraits du président Biya, au pouvoir depuis bientôt 29 ans, au cours d’un concert au palais des Sports de Yaoundé !

Depuis lors, croit Valsero, le pouvoir se méfie de lui et n’a de cesse, soutient-il, de l’empêcher de chanter et d’haranguer son public. Deux autres spectacles ont ainsi été annulés récemment dont un à l’université de Yaoundé II, située dans la petite ville voisine de Soa. Quoi qu’il en soit, l’on remarque que depuis quelques temps, le gouvernement s’oppose à la diffusion de certaines œuvres culturelles. C’était le cas il y a deux semaines avec l’interdiction de projection du documentaire « La Banane » du réalisateur Franck Bieleu, qui montre du doigt les pratiques en cours dans les plantations d’une compagnie franco-américaine dans la région du Littoral. C’était le 27 avril dernier à la fondation Muna de Yaoundé.

Quelques jours plus tôt, le gouvernement avait interdit le premier Festival du film des droits de l’homme, prévu du 12 au 17 avril 2011, financé à hauteur de 42, 6 millions de francs Cfa (65 000 euros) par l’Union européenne. Cette dernière publiée alors une déclaration dans laquelle elle regrette que les autorités camerounaises aient empêché « la tenue d'une manifestation dont l'importance aurait pu rayonner en terme culturel dans le pays, comme cela c'est produit récemment dans d'autres pays d'Afrique subsaharienne et formule le voeu qu'à l'avenir un débat libre et ouvert sur les droits de l'homme reste assuré au Cameroun. »

Les observateurs voient dans toutes ces péripéties comme une volonté de prévenir tout risque en cette année électorale. Valsero, lui-même, appartient à un courant d’artistes contestataires dont le plus emblématique est Lapiro de Mbanga, sorti de prison il y a peu, et Joe La Conscience, tous notamment opposés à la révision de la Constitution qui permettra à Paul Biya de se représenter à la présidentielle d’octobre prochain.

Dans Lettre au président, son morceau le plus connu, le chanteur admiré pour son courage s’adresse directement au chef de l’Etat Paul Biya, 77 ans, dont vingt-huit passés au pouvoir. "Prési, tes potes vivent au bled comme s'ils sont de passage / Ils amassent des fortunes, spécialistes des braquages / Ils font preuve d'arrogance, ils frustrent le peuple / Ils piétinent les règles et ils font ce qu'ils veulent / Ah prési, arrête ça, c'est ça ton travail / Ou inch’allah, je jure : un autre fera le travail", chante-t-il.I'm a news story. I'm a great place for you to let your users know what's new with your company. You can choose what news stories appear on your page. Double click me to change me and your own content. To customize me and change my font click on the Design tab in the property panel.

Sa rage, ses contemporains la partagent. En août 2009, à Yaoundé, une vingtaine de jeunes ont été arrêtés par la police pour avoir déchiré pendant un de ses concerts une affiche géante de Paul Biya, collée sur un mur pour une précédente manifestation. Fin 2009, Valsero insiste avec un single Répond ! visant de nouveau le président, que peu osent critiquer publiquement. "Prési (…), je t’ai envoyé une lettre présentant les doléances de la jeunesse camerounaise mais le temps passe, le père, et toujours pas de réponse (…) / On veut juste vivre et se sentir mieux, ne nous ignore pas (...) / Ne transforme pas en loups et lions des agneaux et des moutons / Elle peut faire mal, une jeunesse qui opte pour la rébellion / Répond (…) / Mais quelle est donc ta politique ? "